Stéphane Audeguy

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Stéphane Audeguy
Naissance 1964 à Tours
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Œuvres principales

Stéphane Audeguy, né en 1964 à Tours, est un écrivain français contemporain.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est assistant réalisateur pour un film de Cédric Klapisch[réf. nécessaire].

Il enseigne l’histoire du cinéma et des arts dans un établissement public des Hauts-de-Seine (BTS Audio-visuel)[1].

Style[modifier | modifier le code]

Fiction encyclopédique[modifier | modifier le code]

Le roman chez Stéphane Audeguy fait une belle place aux sciences dures et aux sciences humaines : haut degré de précision, chiffres, dates, noms propres et progression par apposition servent de caution à la scientificité du propos. Mais loin de toute pédanterie, la science se fond dans la narration : "le roman entrelace les savoirs et les récits dans un geste de narrativisation de la science, dans un récit des découvertes et des errances qui font du conteur une figure de l'encyclopédiste susceptible de retranscrire l'enchantement de la connaissance"[2]. Pourtant, la quête de vérisme parfois poussée à l'extrême semble parodier le discours scientifique et nous mène ainsi à la défiance. L'écriture cultive un aplomb qui lui permet de mieux masquer son rapport ambigu au savoir[3] : elle falsifie le réalisme.

La parole : énonciation et discours rapportés[modifier | modifier le code]

Les romans de Stéphane Audeguy tournent tous autour de la question de l'irreprésentable[3], ce qui explique le goût de l'écrivain pour les énonciations paradoxales : il raconte la vie d'un animal dans Histoire du lion Personne, celle des nuages ou de la pluie dans La Théorie des Nuages, celle du frère inconnu de Jean-Jacques Rousseau dans Fils Unique.

Ses romans procèdent très souvent d'un enchâssement des énonciations : la parole est un relais que narrateur et personnages se passent, "Le récit passe comme un nuage de l'un à l'autre. Il s'adapte à chaque destin, le mouille, s'y transforme. Enrichi par tout ce qu'il révèle et traverse"[4]. Mais si la parole circule, les personnages ne s'expriment jamais directement et le narrateur conserve son droit de régie. Le roman chez Audeguy se refuse à la parole vive[5], le dialogue est proscrit et l'écrivain a une prédilection marquée pour les formes indirectes du discours rapporté (discours indirect et indirect libre). De cette structure romanesque paradoxale résulte cette belle monotonie qui berce La Théorie des Nuages. Lorsqu'au détour d'une phrase, une dissonance nous fait entendre les mots d'un autre, c'est bien souvent pour les mettre à distance. Il y a une douce ironie sous la plume d'Audeguy ; ironie qui repose très souvent sur la polyphonie et qui ne va pas sans humour.

La tentation du rhétorique ?[modifier | modifier le code]

La phrase d'Audeguy laisse deviner l'héritage de la tradition rhétorique, ce dont le discours de la remise du prix Genevoix à l'écrivain se fait l'écho : il mentionne "sa tenue, l'élégance de son style, le beau plaisir d'une langue maniée avec grâce et esprit"[6]. En effet, Audeguy privilégie généralement la phrase longue qui peut se construire comme une période. Elle est alors très structurée par la ponctuation, mais aussi par tout un système de répétitions, d'anaphores ou d'anadiploses qui lui confèrent unité, harmonie et cohérence. Une clausule peut alors venir fermer la phrase avec esprit, dans une quête d'achèvement et de perfection formelle. Mais ce travail de rhétorique et de ciselage de la langue n'est pas à prendre au premier degré. La phrase de Stéphane Audeguy "est d'un classicisme et d'une élégance presque affectés. Ce presque signe sa réussite : elle porte la nostalgie d'un monde possible et une ironie sur cette nostalgie"[4]. Ce travail de sape résulte d'une écriture qui choisit parfois de frôler le "trop écrit", qui adopte un lexique scientifique ou familier, où se met au service de l'érotisme, thème central dans la poétique d'Audeguy : tous ces éléments viennent neutraliser le lyrisme formel. C'est cette ambivalence du style qui confère à l'écriture cette belle "élégance désenchantée"[7]

Une œuvre à la conjointure des arts[modifier | modifier le code]

Comme beaucoup d'écrivains contemporains, le style de Stéphane Audeguy est nourri d'influences non romanesques. Le cinéma pour l'écrivain - et ancien monteur - c'est d'abord le montage, et l'on peut saluer dans ses romans un art du découpage[3]. Loin d'une écriture du flux, du continu, Stéphane Audeguy découpe et assemble ses romans en une succession de scènes qui lui permettent de jongler avec la chronologie et les points de vue. Nous Autres est probablement son roman le plus marqué par cette esthétique de la fragmentation[8]. Plus importante est encore l'influence de la poésie : "le cœur de la littérature, pour moi, c'est le poème"[9]. La prédilection de l'écrivain pour les figures de répétition et d'anadiplose créent des échos sonores qui musicalisent la prose devenue poétique. Nous Autres notamment cultive l'alexandrin, dissémine l'inversion poétique, épure la ponctuation. Mais le roman conserve ses distances avec la belle ostentation de la poésie. La musique litanique des alexandrins s'interrompt brutalement, le rythme trébuche ou la syntaxe s'embrouille et le charme est rompu[10]. L'écriture d'Audeguy est tentée par le poétique et la perfection formelle mais jamais ne s'y abandonne. Comme toujours, elle déjoue toutes les étiquettes.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Essais et autres publications[modifier | modifier le code]

Participation

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Stéphane Audeguy : éloge de la fiction », dossier sous la dir. de Thierry Guichard, Le Matricule des anges, no 101, mars 2009
  • Stéphane Audeguy : rencontre + inédit + notices + articles, dossier dans la revue La Femelle du Requin, no 29, été 2007

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Du Silence, par Stéphane Audeguy », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  2. Laurent Demanze, Les Fictions encyclopédiques de Gustave Flaubert à Pierre Senges, Paris, José Corti,
  3. a b et c Stéphane Audeguy, Christian Garcin, Gilles Ortlieb, Jean Rolin, « « Le statut très incertain du plaisir » : quatre écrivains et l’enseignement de la littérature. », Fabula Colloques,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a et b « Le poids des nuages », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. La Grande Librairie, « «Histoire du lion personne» de Stéphane Audeguy », (consulté le )
  6. « Discours sur les prix littéraires 2005 | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  7. « De la réflexion, du rêve et du recul », L'Expansion Management Review, no 119,‎ , p. 94–96 (ISSN 1254-3179, DOI 10.3917/emr.119.0094, lire en ligne, consulté le )
  8. Fabienne Pascaud, « Nous Autres, Stéphane Audeguy », sur Télérama.fr,
  9. Thierry Guichard, « Stéphane Audeguy, éloge de la fiction », Le Matricule des Anges, no 101,‎
  10. Thierry Guichard, « Stéphane Audeguy, éloge de la fiction », La Matricule des anges, no 101,‎
  11. Lauréat 2005 sur le site du Prix du Style.
  12. Festival du premier roman 2006, site officiel.
  13. Site 20minutes.fr, consulté le 23 novembre 2016.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]